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Enjeux stratégiques de la présidentielle 2025 au Cameroun : l’interview exclusive du Dr Guy Gweth au quotidien Le Messager

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L’analyse sans concession du Dr Guy Gweth, fondateur de Knowdys Consulting Group (KCG) et auteur de l’ouvrage stratégique Puissance 237, dans le Messager n°8621 du 16 octobre 2025, transcende la simple critique des programmes électoraux. Cet entretien dense et exclusif pose les jalons d’une doctrine d’État stratège qui, pour mener au leadership régional, doit absolument s’adosser à l’authentique intelligence économique africaine et à une veille holistique rigoureuse, selon les standards de l’affrontement cognitif et de la guerre économique définis par le CAVIE avec le concours de KCG.

L’Urgence d’un mandat d’exécution stratégique

Pour le Dr Gweth, le futur président doit impérativement s’engager au-delà du cycle électoral pour embrasser la feuille de route détaillée dans Puissance 237. Cette stratégie, conçue pour transformer le Cameroun en une puissance africaine d’ici 2050, se déploie en trois phases rigoureuses : les Fondations (2026-2033), axées sur le renforcement institutionnel et le capital humain ; le Déploiement (2034-2042), centré sur l’innovation et l’intégration régionale ; et enfin le Rayonnement (2043-2050). L’auteur insiste sur la nécessité de mesurer le succès non par des promesses, mais par des indicateurs précis et de haute exigence internationale, tels que le doublement du PIB par habitant et une performance exemplaire à l’indice de perception de la corruption. Cette vision nécessite la mobilisation de leviers stratégiques, notamment en matière de financement, en allant chercher l’optimisation des recettes fiscales, l’exploitation rationnelle des ressources naturelles et, de manière significative, la mobilisation efficace de la diaspora.

Le Triptyque Hard, Soft et Smart Power, une compétence manquante

L’expertise du Dr Gweth a permis de souligner le fossé entre les ambitions affichées et les outils de puissance internationale réellement mobilisés. Il regrette que les candidats n’aient pas su intégrer de manière crédible le triptyque Hard, Soft et Smart Power dans leurs programmes.

Le Hard Power ne se limite pas à la force militaire ; il exige des engagements concrets sur l’investissement massif dans l’industrie de défense et sur la réalisation d’infrastructures stratégiques, citant le déblocage du Port de Kribi comme levier pour accroître la dépendance des autres nations aux exportations camerounaises. Le Soft Power doit se traduire par une promotion active de la diversité culturelle et la transformation du pays en un pôle académique de référence sur le continent.

Quant au Smart Power, il est la clé de voûte de la diplomatie moderne. L’expert préconise, à cet égard, que la toute première mission internationale du président élu soit la réactivation d’un partenariat stratégique avec le Nigeria. Ce choix, loin d’être protocolaire, répond à un impératif de sécurité nationale face à la menace de Boko Haram et vise à sécuriser un marché de plus de 230 millions de consommateurs, affirmant ainsi un leadership commercial régional essentiel pour l’application de la ZLECAf.

L’Intelligence économique, maillon faible du débat

L’analyse des programmes présidentiels a révélé un manque de prise en compte explicite et systémique de l’Intelligence Économique (IE), pourtant indispensable à la survie stratégique dans un monde hyperconcurrentiel. Le Dr Gweth rappelle que l’IE est avant tout un état d’esprit d’anticipation, de défense et d’attaque.

Ce déficit se manifeste par l’absence de détails sur le dispositif d’IE nécessaire à la mise en œuvre de l’industrialisation massive ou de la lutte contre la prédation. Pour combler cette lacune, l’auteur appelle à l’institutionnalisation de l’intelligence économique de défense, intégrant la souveraineté numérique comme une composante du Hard Power national. Cela passe par la formation des cadres du renseignement, à l’image du travail qu’il a mené auprès de la DGRE, afin que les services deviennent les premiers acteurs de la guerre économique.

L’Impératif de l’institutionnalisation et de la discipline

Pour échapper au piège de la personnalisation du pouvoir et de la faiblesse institutionnelle, le Dr Gweth préconise une solution radicale et transversale : l’institutionnalisation d’une structure de pilotage stratégique directement rattachée à la Présidence. Cette entité, qui serait le cerveau stratégique du pays, doit être sanctuarisée du jeu partisan, dotée d’une autonomie et de l’autorité pour transformer le renseignement fiable en action politique.

Son conseil final au futur président est sans équivoque : mobiliser les ressources humaines de haut niveau, conclure un nouveau contrat social autour d’un État stratège, et mettre en place un Bureau d’intelligence holistique qui surplombe les clivages. C’est en armant l’État d’une doctrine et de la compétence d’anticipation, et en garantissant que toute décision majeure soit précédée d’une veille rigoureuse, que le Cameroun pourra se positionner en puissance régionale par la maîtrise du jeu d’échecs planétaire.

Téléchargez l’interview complète ICI.

La Rédaction