Le Zimbabwe franchit un nouveau cap dans l’adaptation de son système fiscal à l’économie numérique. Face à l’explosion de la consommation de services en ligne sur le continent – un phénomène accéléré depuis la pandémie de Covid-19 – le gouvernement veut désormais capter une partie des revenus générés par les géants du digital opérant depuis l’étranger.
Une nouvelle taxe pour les services numériques internationaux
À compter du 1er janvier 2026, tous les paiements effectués depuis le Zimbabwe vers des plateformes numériques étrangères seront soumis à une taxe de 15 %. Cette mesure a été annoncée par le ministre des Finances, Mthuli Ncube, lors de la présentation du budget 2026.
Sont concernés :
les plateformes de streaming (Netflix, Spotify, Amazon Prime),
les applications de mobilité,
les abonnements à des contenus numériques,
et même les services d’Internet par satellite, comme Starlink.
Les banques et opérateurs de paiement mobile auront l’obligation de prélever la taxe au moment de la transaction avant transfert au prestataire étranger.
Pourquoi cette taxe ?
Selon le gouvernement, l’essor rapide du numérique crée une fuite fiscale importante, car la majorité des plateformes utilisées par les Zimbabwéens n’ont aucune présence physique dans le pays.
Le ministre Ncube souligne que cette situation prive l’État de recettes essentielles, tout en créant une distorsion de concurrence avec les entreprises locales, qui, elles, sont pleinement imposées.
Le Zimbabwe rejoint ainsi la tendance observée dans plusieurs pays africains – Nigeria, Kenya, Ouganda, Tanzanie, Sierra Leone – qui modernisent leur fiscalité pour intégrer les services numériques.
Un marché en pleine expansion
La consommation de données et l’usage des services connectés ne cessent de croître. En dix ans, les abonnements Internet sont passés de 5,6 millions en 2015 à près de 12,5 millions en 2025.
Cette croissance soutenue a rendu urgente la mise en place d’un cadre fiscal adapté.
Des réactions contrastées
Si le gouvernement espère augmenter ses recettes publiques, la mesure suscite un mécontentement notable dans la population.
Plusieurs internautes dénoncent un risque de double imposition, rappelant que certaines plateformes appliquent déjà la TVA locale.
D’autres anticipent une hausse potentielle des prix de la part des fournisseurs internationaux, ce qui pourrait freiner l’adoption de ces services et, paradoxalement, réduire les revenus que l’État espère collecter.
Des défis à surveiller
La mise en œuvre de cette taxe soulève des questions majeures :
Comment éviter que les usagers se tournent vers des moyens de paiement étrangers pour contourner le prélèvement ?
Les fournisseurs internationaux répercuteront-ils cette taxe sur les consommateurs locaux ?
L’impact sur le secteur numérique sera-t-il positif ou pénalisant ?
Ce nouveau dispositif fiscal marque une étape importante dans la transformation économique du Zimbabwe. Reste à savoir s’il parviendra à trouver un juste équilibre entre récupération de recettes, équité fiscale et accessibilité des services numériques pour sa population.
La Rédaction